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Femme Pâquerette: qui est-elle?

Description poétique

Elle apparaît comme un souffle sur la toile : une silhouette légère, presque prête à se dissoudre dans l’air. La Femme Pâquerette est un mouvement suspendu — une danse silencieuse qui oscille entre la grâce et l’insouciance. Son corps est un fil souple, tracé d’une seule ligne (presque, faisons comme si!), et de ce fil naissent des pâquerettes blanches, modestes mais lumineuses, comme si la joie la plus simple avait choisi de fleurir à travers elle.

Il n’y a aucun décor autour d’elle: tout l’espace reste ouvert, disponible, respirant. Le regard peut imaginer la scène entière — la voir virevolter, sauter d’un coin à l’autre de la toile, ou au contraire rester immobile, bras ouverts comme un oiseau prêt à soulever l’air juste pour le plaisir de sentir ses propres contours. La Femme Pâquerette est une célébration de la liberté d’être.

Symbolique et références

La pâquerette, bellis perennis (rentabilisons ces années de latin svp), est une fleur que l’on foule sans y penser, mais qui se relève toujours. Elle pousse partout, dans les herbes folles, sur les sentiers, entre les pierres. Elle est l’antithèse des fleurs rares : pas exotique, pas fragile (en apparence), pas recherchée (à part pour savoir si machin nous aime) — et pourtant d’une fraîcheur désarmante.

Dans l’histoire de l’art, la pâquerette est le symbole de BEAUCOUP de choses, mais retenons surtout: la simplicité essentielle, la pureté sans artifices, la joie un peu naïve, le renouveau du printemps, la résilience naturelle. Dans la mythologie romaine, la nymphe Belides se transforma en pâquerette pour échapper à la convoitise :
elle fit de sa fragilité apparente une liberté.

A mes yeux, la Femme Pâquerette incarne une vérité que l’on oublie trop souvent: il n’est pas nécessaire d’être rare pour être précieux, ni sophistiqué pour toucher le cœur. Son esthétique va à l’encontre de la performance: elle est volontairement simple, aérée, directe. Elle revendique la poésie du minimalisme, la grâce sans effort. On peut n’être que soi, et être assez.

Même immobile, elle bouge. Elle porte en elle la fluidité d’une danseuse de ballet, mais débarrassée de la contrainte du spectacle: elle danse pour elle seule, ou pour le vent, ou pour le simple plaisir de sentir ce que son corps peut encore inventer. Elle se tient peut-être en équilibre, funambule sauvage sur un fil invisible. La pâquerette devient alors symbole de cette danse intérieure: celle qui nous ramène à la simplicité d’exister.

Lecture graphique

De traits fins et continus, le corps s’esquisse comme une brise. Les couleurs sont réduites à l’essentiel : le blanc pur de la fleur, le jaune solaire du cœur, le vert tendre des tiges. Ce choix chromatique accentue l’impression de légèreté : aucune surcharge, aucune ombre, seulement des signes. Le vide est un appel à l’interprétation.

A qui ça murmure?

La Femme Pâquerette parle à ceux qui cherchent la douceur dans les petites choses, à ceux qui se sentent enfin légers quand ils cessent de vouloir trop, à ceux qui préfèrent la liberté à la perfection.

Elle nous rappelle que la joie n’a pas besoin d’être spectaculaire ; qu’il suffit parfois d’un mouvement du bras, d’un souffle, d’un pas de côté, pour refaire circuler la lumière.

Elle invite à célébrer la modestie, à honorer la simplicité, à danser même quand on ne sait pas où l’on va.

Mantra

“Je suis et je suis assez.”

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Femme Fleur Bleue: qui est-elle?

Description poétique

Elle porte sa fleur comme une couronne, ou comme un fardeau devenu diadème. La Femme Fleur Bleue tient sa tête haute, même lorsque ses yeux se ferment sous le poids des pensées. Autour d’elle, les pétales se détachent, portés par un vent intérieur — celui des souvenirs qui tourbillonnent, des émotions qui cherchent la sortie, de ce qui demande à être relâché.

Dans son immobilité apparente, quelque chose bouge pourtant : une lente sédimentation de ce qui blesse encore, une transformation intime qui ne fait pas de bruit. Elle est le visage de la mélancolie digne, celle qui ne renie pas la fragilité mais la porte comme un acte de courage.

Symbolique et références

Pour réaliser cette œuvre, je me suis inspirée d’une photo de fleur de magnolia blanc. Le magnolia est l’une des fleurs les plus anciennes du monde (le saviez-vous? avant cet article, moi non). Ses pétales épais, presque cireux, parlent d’une beauté robuste, presque archaïque, tandis que son parfum évoque la pureté, la féminité tranquille, la résilience silencieuse. Il incarne à la fois le poids et la noblesse: la beauté que l’on porte, mais qui parfois pèse.

Blanc d’origine, j’ai transformé mon magnolia en immense fleur bleue. Le bleu, pour moi, est la couleur des pensées qui s’attardent, des blessures qui ne sont pas tout à fait refermées, des souvenirs qui persistent comme le ressac. C’est aussi la couleur de la méditation, de la profondeur intérieure (ou extérieure, n’oublions par le ciel et la mer, n’est-ce pas?), de ces moments où l’on ferme les yeux pour mieux voir en soi.

Evidemment, l’expression être fleur bleue n’est pas en reste dans mes références. Elle qualifie habituellement une sensibilité jugée excessive. Mais ici, elle devient un étendard. La sensibilité n’est pas faiblesse : c’est une lucidité émotionnelle rare, un refus de s’endurcir pour correspondre au monde… ou pour s’en cacher.

Il existe une autre fleur dans cette œuvre, invisible mais essentielle : celle qui pousse dans la mémoire, celle qui me ramène à la fameuse chanson « Magnolia Forever« , de Claude-François, tant chantée par ma mère. Cette chanson populaire est synonyme à la fois de fête et de nostalgie, de rythme et de douceur, de ce qui a commencé et qui a terminé. Elle raconte un passé qui danse encore quelque part. La Femme Fleur Bleue est donc aussi celle qui porte la mémoire sans la laisser l’écraser. D’ailleurs, dans la poésie chinoise, le magnolia symbolise la femme qui porte son destin avec calme, même quand son cœur tremble.

Lecture graphique

Le visage féminin est tracé d’un fil unique, fragile mais continu — comme une pensée qui glisse sans se rompre. La fleur, elle, est dense, royale, comme une architecture émotionnelle posée sur la tête de la femme. Autour d’elle, les pétales se détachent : des fragments de mémoire qui s’envolent, des parts de soi que l’on accepte enfin de déposer, pour continuer à avancer plus légère.

A qui ça murmure?

La Femme Fleur Bleue parle à celles et ceux qui connaissent les tempêtes intérieures, mais choisissent malgré elles de rester debout. À ceux qui ferment les yeux non pour fuir, mais pour écouter. À ceux qui portent des souvenirs lourds, mais en font des couronnes de dignité. Elle rappelle que la mélancolie n’est pas un naufrage, mais un passage. Une façon pour le cœur de se réorganiser. Elle invite doucement à s’alléger, à laisser tomber quelques pétales, pour continuer à marcher, voire à résister, la tête haute.


Mantra

“Je porte ce qui me pèse, jusqu’à ce que cela me libère.”

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Femme Lilas: qui est-elle?

Description poétique

La Femme Lilas apparaît de dos, comme si elle se retirait un instant du monde pour mieux sentir ce qui l’habite.
Dans ce mouvement discret, presque timide, quelque chose pourtant s’éveille : le lilas éclot sur elle, à travers elle, depuis les zones que l’on ne voit pas. Ses épaules deviennent rameaux, ses lignes respirent comme des branches qui ploient sous le parfum du printemps.

La Femme Lilas ne recule pas : elle s’ouvre.
S’ouvre à la douceur, à la mémoire, à ce fil invisible qui la traverse — ce fil doré, mince et sacré, qui relie chaque fragment de son être à une lumière plus vaste.

Ce fil doré est le courant vital, le souffle sacré, une sorte de sutra visuel qui lie les formes entre elles. Il guide l’œil, mais il guide aussi l’âme : c’est le fil intérieur qui nous maintient en mouvement, même quand nous faisons un pas de retrait.

Ainsi, la Femme Lilas s’inscrit dans la tradition des femmes-fleurs mythiques — non pas celles qui séduisent, mais celles qui s’éclosent, qui se transforment en douceur, dans la discrétion d’un printemps intime.

Symbolique et références

Le lilas, dans toute son exubérance délicate, est une fleur paradoxale : il lui faut la force d’un arbre pour offrir la fragilité d’un parfum. Fleur capricieuse, oui — mais généreuse à qui sait attendre son éclosion.

  • Jacques Prévert, dans son poème “La cueillette”, évoque la musicalité même du mot lilas — un mot qui “fait fleurir les lèvres”, un mot doux à dire comme à respirer., tout comme dans « Fleurs et couronnes » où il chantonne « Lilas … Lilas … c’était tout à fait ça »
  • Chez Rainer Maria Rilke, le lilas devient symbole de mémoire tendre, d’un passé qui ne blesse pas mais accompagne doucement l’âme.
  • Dans certains contes d’Europe de l’Est, il représente le renouveau du cœur, la guérison discrète après un hiver intérieur.
  • Claude Monet a peint des buissons de lilas comme des halos de lumière mauve : des masses vaporeuses où le regard se perd, rappelant que la beauté peut être diffuse, enveloppante, presque immatérielle.
  • Viktor Vasnetsov et plusieurs symbolistes russes l’utilisent pour exprimer la pureté mélancolique, ce mélange rare d’espoir et de nostalgie.
  • Dans l’art contemporain, le lilas inspire souvent des œuvres centrées sur la mémoire sensorielle, l’enfance, le retour d’émotions enfouies mais intactes.

Pour moi, le lilas est un parfum d’enfance, celui du chemin de l’école, des mains d’enfant (moi!) qui cueillent discrètement une branche trop grande pour elles, celui d’un cadeau improvisé offert à ma mère, celle qui a toujours remplit la maison de fleurs. Quel paradoxe d’offrir à ma reine des fleurs l’une des seules fleurs que l’on ne peut pas acheter, mais tout au plus couper maladroitement dans le jardin des voisins.

Composition graphique

Lignes fines, fluides, presque hésitantes parfois, mais toujours continues — comme une pensée (non, un lilas, voyons!) qui refuse de se briser. Les zones de couleur lilas structurent le corps sans le figer : ce ne sont pas des ombres, mais des espaces de présence. Les fleurs, aux teintes mauves et dorées, émergent comme des voix silencieuses qui racontent ce que le corps ne dit pas de face. Le vide alentour n’est pas absence : c’est un souffle, une chambre d’écho où résonne la douceur.

A qui ça murmure?

La Femme Lilas parle à celles et ceux qui connaissent la pudeur des émotions profondes, à ceux qui fleurissent de biais, sur le côté, loin des regards.
Elle rappelle que se protéger n’empêche pas d’éclore — et qu’il existe une beauté singulière dans les mouvements de retrait, dans ces instants où l’on se tourne légèrement pour écouter sa propre lumière.

Mantra

“Silence, je fleuris.”