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Femme Lilas: qui est-elle?

Description poétique

La Femme Lilas apparaît de dos, comme si elle se retirait un instant du monde pour mieux sentir ce qui l’habite.
Dans ce mouvement discret, presque timide, quelque chose pourtant s’éveille : le lilas éclot sur elle, à travers elle, depuis les zones que l’on ne voit pas. Ses épaules deviennent rameaux, ses lignes respirent comme des branches qui ploient sous le parfum du printemps.

La Femme Lilas ne recule pas : elle s’ouvre.
S’ouvre à la douceur, à la mémoire, à ce fil invisible qui la traverse — ce fil doré, mince et sacré, qui relie chaque fragment de son être à une lumière plus vaste.

Ce fil doré est le courant vital, le souffle sacré, une sorte de sutra visuel qui lie les formes entre elles. Il guide l’œil, mais il guide aussi l’âme : c’est le fil intérieur qui nous maintient en mouvement, même quand nous faisons un pas de retrait.

Ainsi, la Femme Lilas s’inscrit dans la tradition des femmes-fleurs mythiques — non pas celles qui séduisent, mais celles qui s’éclosent, qui se transforment en douceur, dans la discrétion d’un printemps intime.

Symbolique et références

Le lilas, dans toute son exubérance délicate, est une fleur paradoxale : il lui faut la force d’un arbre pour offrir la fragilité d’un parfum. Fleur capricieuse, oui — mais généreuse à qui sait attendre son éclosion.

  • Jacques Prévert, dans son poème “La cueillette”, évoque la musicalité même du mot lilas — un mot qui “fait fleurir les lèvres”, un mot doux à dire comme à respirer., tout comme dans « Fleurs et couronnes » où il chantonne « Lilas … Lilas … c’était tout à fait ça »
  • Chez Rainer Maria Rilke, le lilas devient symbole de mémoire tendre, d’un passé qui ne blesse pas mais accompagne doucement l’âme.
  • Dans certains contes d’Europe de l’Est, il représente le renouveau du cœur, la guérison discrète après un hiver intérieur.
  • Claude Monet a peint des buissons de lilas comme des halos de lumière mauve : des masses vaporeuses où le regard se perd, rappelant que la beauté peut être diffuse, enveloppante, presque immatérielle.
  • Viktor Vasnetsov et plusieurs symbolistes russes l’utilisent pour exprimer la pureté mélancolique, ce mélange rare d’espoir et de nostalgie.
  • Dans l’art contemporain, le lilas inspire souvent des œuvres centrées sur la mémoire sensorielle, l’enfance, le retour d’émotions enfouies mais intactes.

Pour moi, le lilas est un parfum d’enfance, celui du chemin de l’école, des mains d’enfant (moi!) qui cueillent discrètement une branche trop grande pour elles, celui d’un cadeau improvisé offert à ma mère, celle qui a toujours remplit la maison de fleurs. Quel paradoxe d’offrir à ma reine des fleurs l’une des seules fleurs que l’on ne peut pas acheter, mais tout au plus couper maladroitement dans le jardin des voisins.

Composition graphique

Lignes fines, fluides, presque hésitantes parfois, mais toujours continues — comme une pensée (non, un lilas, voyons!) qui refuse de se briser. Les zones de couleur lilas structurent le corps sans le figer : ce ne sont pas des ombres, mais des espaces de présence. Les fleurs, aux teintes mauves et dorées, émergent comme des voix silencieuses qui racontent ce que le corps ne dit pas de face. Le vide alentour n’est pas absence : c’est un souffle, une chambre d’écho où résonne la douceur.

A qui ça murmure?

La Femme Lilas parle à celles et ceux qui connaissent la pudeur des émotions profondes, à ceux qui fleurissent de biais, sur le côté, loin des regards.
Elle rappelle que se protéger n’empêche pas d’éclore — et qu’il existe une beauté singulière dans les mouvements de retrait, dans ces instants où l’on se tourne légèrement pour écouter sa propre lumière.

Mantra

“Silence, je fleuris.”

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